mercredi 12 décembre 2007

La culture peine à rivaliser avec la realpolitik

"Vous n'avez ici que des amis, Excellence" promettait mardi au Ritz Roland Dumas (ancien occupant du Quai d'Orsay sous François Mitterand) à Mouammar Khadafi en présence d'une centaine de personnalités conviées par une invitation mentionnant la "Grande rencontre culturelle en présence du Guide". Un article du Monde mentionne que "l'ancien ministre (UDF) des affaires étrangères Hervé de Charette, le directeur de l'Institut du monde arabe, Dominique Baudis, le journaliste Jean Bothorel, l'écrivain chiraquien Denis Tillinac, Me François Gibault, auteur de la biographie en trois tomes de Louis-Ferdinand Céline, de nombreux diplomates et quelques éditeurs [ont] accepté l'invitation au palace. [...] L'université Paris-IV était bien représentée, avec Edmond Jouve, professeur de science politique à la Sorbonne, qui a interrogé le Guide dans Le Concert des nations (Archipel, 2004) et dirigé la thèse d'Aïcha, la fille du colonel, et André Laronde, professeur d'histoire grecque et directeur des fouilles françaises en Libye depuis 1981. On croise aussi Marie Dabadie, journaliste et secrétaire de l'Académie Goncourt, Arnaud d'Hauterives, secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts, et le producteur Tarek Ben Ammar."

Il faut savoir que les relations publiques du Colonel sont assurées par l'OPA (Organisation de la Presse Africaine), agence de communication suisse spécialisée dans le redressement d'image des régimes de cet acabit. Pierre Assouline avait bien pressenti la teneur de cette "grande rencontre", prétexte selon lui à une mascarade durant laquelle Khadafi allait imposer ses considérations aux intellectuels français.

Et pour cause, elle n'eut de "culturelle" que le nom, les thèmes évoqués s'étant plutôt avérés d'ordre géopolitique : Euro contre dollar (Khadafi espère que le premier empêche le second de financer des programmes militaires), Chine contre Etats-Unis (Khadafi souligne l'importance de la première, dont il félicite la "souplesse à pénétrer les marchés avec des produits à bas prix", pour contrebalancer la puissance du second), mines antipersonnel (qu'il faudrait selon lui réhabiliter puisqu'il s'agit "d'une arme défensive, pas offensive").

Enfin, la culture s'est anecdotiquement invitée dans cette manifestation qui en faisait originellement l'objet. Khadafi a ainsi dédicacé ses romans et recueils de poèmes, ses trois tomes du Livre Vert, et ses Escapades en Enfer. C'est à peu près tout.

Et tout le monde était content. Il faut croire que même les intellectuels s'accordent à penser qu'on peut bien faire des sacrifices à la culture et aux droits de l'homme pour dix milliards de dollars de contrats...

Realpolitik oblige, the Khadafi show "must" go on...

E.S.

Source: lemonde.fr
Source: La République des Livres

1 commentaire:

Seb a dit…

As you said mate....realpolitic...
C'est pathétique de voir ces "clowns" se rendrent au "Kadhafi Show"...