jeudi 17 janvier 2008

Rendre à Wellington ce qui appartient à Wellington? Ou à Paris...?

Aussi noble puisse-t-elle se montrer, la culture est un marché. Ainsi le British Museum refuse-t-il, sous couvert d'universalisme culturel, de restituer des frises du Parthénon à la Grèce (tandis que l'Allemagne et la Suède se montrent plus clémentes sur ce genre de sujet), ainsi la France refuse-t-elle de rendre à la Nouvelle-Zélande une tête de guerrier maori tatouée et momifiée, vestige datant du commerce de restes humains du XIXe siècle, alors que le gouvernement néo-zélandais multiplie ses demandes de rapatriements depuis 1992.

La France, contrairement à la Grande Bretagne, ne pouvait avancer l'argument de l'universel puisque, précisément, la tête maorie s'empoussiérait aux archives d'un musée rouennais récemment rouvert. Le conseil municipal et le Ministère de la Recherche considéraient assez naturellement que la restitution devait avoir lieu, mais voilà : le marché de la culture suppose que rien ne soit simple ni gratuit.

C'est ainsi que le gouvernement a mis un frein à la procédure, craignant que les revendications étrangères de rapatriement d'oeuvres provenant de leurs pays se multiplie et implique un appauvrissement des collections françaises, riches en objets de tous les continents. En somme: sans sa collection égyptienne, le Louvre perdrait de sa superbe, et l'on verrait d'un mauvais oeil l'évidement des musées Guimet ou du Quai Branly (toutes les possessions des musées français ne posent heureusement pas le même problème).

La Nouvelle-Zélande, via un article du New Zealand Herald (relayé début janvier en France par Courrier International), accuse la France d'être l'un des derniers Etats à refuser les restitutions de ce type.

A défaut d'entrer en guerre ouverte, il y a de quoi se prendre la tête...


E.S.


Un grand merci à Marion Lamarque dont l'acuité et le raffinement ne vous échapperont pas à cette adresse: http://ielovepme.blogspot.com/, le blog qui aime les PME.

3 commentaires:

Marshka a dit…

donner, c'est donner, reprendre, c'est voler. bon évidémment, si le premier "donner" était déjà un "voler", ça se complique...

Hélène Cometto a dit…

Comme quoi, la guerre et ses pillages font aussi le bonheur des conservateurs des musées, qui semblent s’en accommoder. L’idéologie, l’impérialisme, voire le nationalisme se révèlent être parfois de parfaits agents muséaux !

matthieu a dit…

Que de papiers et de mots pour une si petite tête! Rendons-leur que l'on en finisse!