lundi 14 janvier 2008

Comment refonder efficacement notre politique culturelle pour regagner de l'influence ?


Si la France a été durant de longs siècles l'un des foyers les plus prospères de la culture, ce n'est pas parce qu'elle a eu Louis XIV ou Malraux, c'est d'abord parce qu'elle a eu des artistes, et les plus grands. Malheureusement notre influence culturelle chute et on le retrouve bien là dans une anecdote complexante : Paris n'est plus une capitale internationale de l'art comme elle l'était du temps de Chagell, Picasso, Kandinsky ou Miro : en 2006, 38% du chiffre d'affaires du marché de l'art a été réalisé à Londres contre 5,7% à Paris ; face à la chute du rayonnement de notre culture, des choix et des priorités sont à définir ; mais lesquels ? Comment refonder efficacement        notre politique culturelle pour regagner de l'influence ?

En repensant les principaux leviers d'action : l'école et les medias sont les deux leviers principaux de la democratisation culturelle et de la diffusion de notre culture dans le monde. Or, il n'y a jamais eu autant de chaines publiques et jamais aussi peu d'émissions culturelles à la télévision : nous devrions renforcer la programmation culturelle sur les chaines généralistes, aux heures de grande écoute, avec des programmes de qualité (à la place des pubs). 
Il faudrait également réformer notre politique d'accueil des étudiants étrangers : c'est en formant en France l'élite des pays étrangers que nous assurons le mieux le rayonnement de notre langue et de notre culture. Aussi, nous devrions utiliser beaucoup plus vigoureusement  le budget de l'audiovisuel pour diffuser notre culture dans le monde : le budget de l'audiovisuel extérieur est d'environ 600 millions d'euros, presque autant que celui de CNN et plus que celui de BBC World, pour une visibilité incomparablement moindre : la solution, la fusion TV5, RFI et France 24 (à quel prix...)
Quand au réseau des centres culturels français à l'etranger, soutenu par celui de l'alliance francaise, il est situé pour 45% des centres en Europe, 30% en Afrique, le reste, 25%, en Asie et en Amérique. La réalité, c'est que l'organisation de notre présence culturelle à l'etranger n'a pas changé depuis 1960 ! 
Nous devons avoir une reflexion stratégique sur le deploiement geographique du reseau, mieux repartir nos dépenses avec moins de coûts de structures, plus d'enseignement du français, plus d'artistes français diffusés à l'etranger, plus de coopération avec de grandes institutions culturelles internationales. 
Mettre en place une éducation artistique à l'école, restructurer et dynamiser le réseau des centres culturels à l'etranger, faire de la France un pays d'accueil pour les élites universitaires étrangères, rétablir Paris comme capitale des arts, clarifier le mode d'attribution des aides, réorienter la politique culturelle vers le public et vers les artistes : voilà les principaux points qui permettraient à la France de regagner son influence culturelle !
Franchement vôtre,
CS

5 commentaires:

The MagPie a dit…

peut-être aussi une des causes du déclin est que la culture est, sous l'influence des américains, devenue un business comme un autre... la France a les atouts pour redonner à la culture son vrai sens et ses lettres de noblesse... si la culture soulève aussi des questions d'argent, elle ne saurait être réduite à une simple équation économique.

Julian a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Julian a dit…

votre post met le doigt sur un grand nombre de dysfonctionnements qu'il semble si simple de corriger pourtant. la ministre de la culture ne sera-t-elle pas noter sur des résultats? au moins on connaît les chantiers où il faut oeuvrer. j'attends de voir le travail effectué par le gouvernement en matière de culture, c'est un domaine à ne surtout pas négliger dans le cadre d'une volonté de puissance.

Alice a dit…

Pour que la culture serve un politique de puissance françise (je ne sais pas si je peux dre "la" politique de puissance...), son utilisation doit se faire sur deux dynamiques détaillées dans ce post: attraction et rayonnement. Mais, la culture aura aussi l'objectif en lui même de réconcilier les français avec l'idée d'une france qui doit rayonner. Mais au delá de tout cela, la culture pour la culture car, comme disait Ionesco, si l'on n ecomprend pas l'utilité de l'inutilité on vit dans un monde de robots!!

francheculture a dit…

Oui en effet julian: d'ailleurs les ministres seront tous évalués par notre cher secrétaire d'Etat chargé de la prospective Eric Besson sur leurs résultats : on verra ce qu'il en sera de Christine Albanel.

Merci Alice, tu as mis le doigt dessus! Il faut réconcilier les français avec l'idée d'une France qui doit rayonner: avoir un minimum de patriotisme c'est sain, non? nous devrions cesser de nous détester (parce que je crois que les français ne s'aiment pas "un Français, c'est un Italien de mauvaise humeur disait Cocteau) et de nous empêtrer dans notre culture de l'échec: c'est en étant fiers de ce que nous sommes que nous pourrons rayonner!

Franchement vôtre,

Cédric