samedi 17 mai 2008

La Guerre de l'Art

Le président de la République souhaitait l'enseignement de l'histoire des arts dans les écoles, ce sera chose faite dès septembre prochain pour les écoles primaires (cf. p. 12 ; pp. 18 & suiv.), puis à la rentrée 2009 pour les collèges.

Le projet propose une série d'orientations, il manifeste notamment une volonté de sortir des carcans traditionnels et d'inviter la musique, les arts scéniques (théâtre, danse), le cinéma, la photographie, l'art de rue (Sarkozy va-t-il apprendre à faire de jolis tags?), le design, l'urbanisme... Il insiste également sur l'importance d'un enseignement sensible (dont le point de départ est l'œuvre) afin d'éviter les écueils rébarbatifs du cours trop magistral, mais les enseignants s'inquiètent eux, de la relégation de la pratique au second plan.

Cela dit, le texte projette syndicats et associations disciplinaires ainsi que le Ministère de l'éducation nationale lui-même dans le flou.

La discipline n'en sera justement pas une de manière spécifique puisqu'aucun professeur n'en aura l'entière responsabilité : ce sera à l'ensemble du corps enseignant de faire "sauter les cloisons" afin de fournir les bases.

Ensuite et surtout, une série d'annonces faites par le ministère a interpelé le corps enseignant : au collège, l'histoire des arts représenterait ainsi 25% d'un programme d'histoire déjà surchargé, et 50% du programme d'éducation artistique, estimation qui, selon Yolande Barbier, présidente de l'Association des professeurs de musique (qui n'a pas été consultée par le Ministère), n'a pas de sens.

D'autre part, les recommandations inscrites dans le texte officiel du 20 février dernier (cf. lien ci-dessus) préconisaient une série d'oeuvres dans lesquelles les maîtres d'école devaient puiser, ce qui n'a pas manqué de déclencher les foudres d'un corps enseignant qui s'est senti infantilisé (la listes des œuvres a été supprimée le 29 avril).

Enfin, l'annonce des suppressions de postes et d'options dans le secondaire a évidemment un côté effrayant pour les professeurs concernés. Danièle Salamand, présidente de l'Association des professeurs d'arts plastiques, analyse ainsi l'objectif réel du gouvernement : faire disparaitre sa discipline de l'enseignement secondaire en "confiant l'histoire des arts à tous les profs" dans un premier temps, puis en "conformant les élèves à l'industrie culturelle locale". Selon le Bulletin Officiel de l'éducation nationale du 8 mai, les élèves pourront pour la nouvelle épreuve d'arts proposée au brevet "valoriser une pratique personnelle, développée dans ou en dehors de l'école"...

Il semble que la problématique de cette discipline interdisciplinaire non-disciplinaire fasse écho sur Internet. Pour militer contre cette initiative du gouvernement, un Comité s'est créé début 2008 : "Sauvons les Arts Plastiques". Le Nouvel Observateur a lui aussi ouvert un blog dédié aux débats autour du sujet.

E.S.

Source: "Confusion autour de l'enseignement de l'histoire des arts à l'école", Le Monde du 13 mai 2008.

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